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« La démocratie est la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes les autres » disait Winston CHURCHILL… Hélas, cette pensée sortie de son contexte appelle à réfléchir sur ce qu’est la démocratie et sur son évolution au fil du temps.

À l’origine, Athènes et son organisation en démocratie directe, souveraineté du peuple (demos, le peuple, et kratos, le pouvoir), prônant égalité de parole et égalité des droits, entretenait déjà à cette époque une part d’illusion puisque l’égalité des droits n’était pas généralisée. L’intention, louable, a fait son chemin à travers les époques et sociétés, vers une démocratie participative telle que nous la connaissons, c’est-à-dire l’élection par le peuple de ses représentants. Là encore, nous pouvons nous interroger sur quelques points :

Qui élit vraiment ?

Jusqu’à récemment, seuls les hommes pouvaient voter ; l’accession au vote des femmes en France s’est fait par ordonnance en 1944. Plus avant dans l’Histoire, le vote était réservé à des privilégiés jusqu’à la Révolution du peuple français.

Le peu de participation au vote de nos jours, avec dernièrement un taux d’abstention de 2/3 des inscrits pour les élections départementales et régionales interroge sur la légitimité des élus, sur la représentation démocratique et surtout sur la force de l’esprit même de la démocratie aujourd’hui.

Peut-on parler de pluralisme politique ?

Mis à part les extrêmes pensées qui envahissent nos ondes, nos rues, où allons-nous chercher les hommes et les femmes qui font la différence et mobilisent le peuple par leurs différences, leurs convictions, leurs valeurs ? C’est une question qui peut nous tarauder au vu de l’intérêt manifestement en deuil de nos concitoyens pour les affaires de la Cité.

Pourquoi nous mobilisons-nous davantage pour le vote national que pour celui qui touche à nos territoires ? Méconnaissance de l’organisation administrative française ? Perte de confiance ?

Simplement sur ces exemples, la base même de la démocratie présente une géométrie variable pour laquelle une simple note ne suffirait pas à interroger les fondements actuels de notre démocratie.

Son socle repose historiquement sur 3 grands piliers :

  • l’égalité civique pour tous,
  • la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire),
  • le pluralisme politique,

et sur de grands principes républicains que sont la liberté (de conscience, de culture, d’expression, de réunion, d’association…), l’égalité (en droit), la fraternité, la laïcité.

Même si nous pouvons critiquer la mise en œuvre de ces principes fondamentaux, nous devons aussi nous réjouir qu’ils existent et nous mobiliser pour qu’ils demeurent, car s’éloigner de cela serait mettre à mal la République laïque et sociale et la Constitution des Droits de l’Homme. Il faut cependant rester prudents sur l’effet mystificateur de la proclamation de ces droits. En effet, rien ne sert de proclamer, encore faut-il donner les conditions de possibilités de l’exercice réel de ces droits.

La chose n’est pas aisée dans un système « mikado » où toutes les influences mondiales, économiques et géopolitiques s’entrechoquent. Peut-être est-ce cette dilution et cet éloignement du peuple et des territoires qui met à mal notre démocratie ? Est-ce aussi cette manie de tout fusionner, à l’image de nos grandes Régions, qui brouille l’intérêt de la Res Publica ? Camus disait « Lorsque nous serons tous coupables, ce sera la démocratie véritable ».
En nous éloignant de nos procurations et de la gestion de nos territoires, nous nous éloignons aussi de nos responsabilités et de notre engagement dans la cité.

Pour autant, nous devons nous rappeler, et je citerai encore Albert CAMUS, que « la démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ».

C’est pour cette démocratie qu’il nous faut rester éveillés et actifs.

Cathy MARROT