Un festival qui a tenu toutes ses promesses, tant par la qualité de sa programmation que le talent des divers artistes qui s’y sont produits, avec une mention particulière aux bénévoles pour l’organisation exemplaire de cette première édition.

Née de la volonté de rassembler les mirapiciens autour de projets artistiques, l’association “Castel Artès” a vu le jour début 2021 autour de sa présidente Danièle CAUMEIL qui veille, depuis plus de 25 ans, à la destinée de Pro-Musica en pays de Pamiers.
Grâce au soutien de plusieurs sponsors locaux, séduits par le concept, qui se sont mobilisés très rapidement, un festival pluridisciplinaire a été monté en quelques mois par Vincent CHAILLET, premier danseur de l’Opéra de Paris aujourd’hui maître de ballet au Capitole de Toulouse et Edwin CROSSLEY-MERCER, baryton international nominé 2 fois au Grammy Awards, dans l’enceinte du château de Terride (classé au titre des monuments historiques en 1875) dont ils sont devenus propriétaires en 2020.
Dans ce cadre idéal, du 9 au 16 août, se sont côtoyés avec bonheur de nombreux artistes reconnus dans leur domaine : art lyrique, danse, musique, peinture, photographie.
Quatre soirées ont été organisées, face au mur d’archères dans le parc du château avec, en point d’orgue, un ultime concert à l’ancienne cathédrale Saint Maurice où se sont produits les talents les plus prometteurs de la jeune génération, ayant profité des enseignements dispensés au sein de l’Académie du festival.
Et pour un coup d’essai, ce premier opus fut un véritable coup de maître ! En effet, tous les concerts qui affichaient complet ont fait l’unanimité et le public a savouré son plaisir de pouvoir applaudir à Mirepoix tous ces grands noms de la scène internationale.
Pour la soirée d’ouverture, le 9 août, en compagnie de la mezzo-soprano Marina VIOTTI et du guitariste Gabriel BIANCO, le fil d’Ariane était le chant populaire sur la thématique amoureuse dans ses spécificités de langue et de couleur méditerranéennes. La culture hispanique à l’honneur a fait voyager l’assistance de l’Andalousie à Cuba avec un titre incontournable des mythiques Buena Vista Social Club, alors que la culture francophone empruntait les chemins buissonniers, de Fauré à Ferré ou Brel.

Le lendemain, 5 artistes se sont partagé deux scènes pour charmer l’auditoire avec « La Belle Maguelonne » de Johannes BRAHMS. Cette légende médiévale racontée par la comédienne Marie-Armelle DEGUY est un chef d’œuvre d’équilibre entre texte et musique exprimant les inquiétudes et les aspirations des personnages, superbement interprétées par Edwin CROSSLEY-MERCER et la soprano Julie FUCHS (qui a chanté lors de l’hommage à Johnny HALLYDAY en l’église de la Madeleine), accompagnés par le pianiste Adam LALOUM. Le danseur-chorégraphe Vincent CHAILLET, tout en sensibilité, a donné vie au héros Pierre de Provence avec beaucoup de grâce et d’émotion.
Edwin CROSSLEY-MERCER et Vincent CHAILLET Au terme de leur prestation, les interprètes ont été longuement ovationnés.
Le 11 août, le public a assisté au récital envoûtant du pianiste Jason Paul PETERSON et de la radieuse soprano américaine Michelle BRADLEY qui excelle dans l’interprétation de mélodies, lieder et spirituals dans lesquels a baigné son enfance à Houston (Texas).
Avec humour et sensibilité, elle a raconté la chorale de sa paroisse, la découverte de ses dons par le chef de chœur et les cours qu’il lui donnait sous une photo de l’immense cantatrice Leontyne PRICE, sans oublier les difficultés qu’elle a dû affronter pour entreprendre des études musicales. Elle a terminé au piano, pieds nus, en souhaitant à chacun santé et bonheur.
Dans sa carrière internationale qui lui permet d’interpréter ses rôles favoris, notamment verdiens et pucciniens, elle a partagé la scène avec Edwin CROSSLEY-MERCER, tombé sous le charme de sa voix. Il a permis à chacun de partager son engouement pour la générosité et le charisme de cette chanteuse lyrique ainsi que pour la beauté intrinsèque de sa voix d’une richesse et d’une couleur éclatantes.

La soirée du 14 août a mis en lumière une vingtaine de jeunes talents venus pour certains d’horizons lointains (Crète, Italie, Suisse, Belgique…), qui ont participé à l’Académie du festival. Les plus belles voix de demain ont servi d’écrin musical à Silvère JARROSSON pour la création d’une œuvre « en mouvement ».
Cet ancien danseur de l’Opéra de Paris, arrêté dans son élan par une blessure, a réalisé un travail corporel autour de la peinture généreusement étalée sur sa toile qui, soumise à la gravité et à la force du mouvement, a livré une œuvre aussi inattendue que saisissante.
Le performer Silvère JARROSSON Les jeunes talents de l’Académie lors du concert à Terride, accompagnés au piano par Yves MARAT et Thierry SIBAUD.
Le 16 août, la soirée de clôture en l’église cathédrale Saint-Maurice a réuni sur des œuvres de Pergolèse, Fauré, Mozart… l’ensemble vocal de l’Académie, les musiciens de Camon en Musique et Stéphane BOIS, titulaire du grand orgue historique, sous la direction d’Edwin CROSSLEY-MERCER.

Pendant toute la durée du festival, la tour du XIIe a abrité une exposition de photos de Julien BENHAMOU qui sublime les corps des danseurs en leur donnant une intensité charnelle.
Dans ses clichés, l’œil du photographe des ballets de l’Opéra de Paris réussit à capturer l’instant, le mouvement, l’émotion de manière expressive et très photogénique.

Cette première édition a permis de réunir plusieurs arts tout en valorisant un site patrimonial. Se faisant la porte-parole de l’association Castel Artès, Claude CHAILLET précise que la démarche initiale était de faire rêver le public et d’attirer, par la programmation, de nouveaux spectateurs. Objectif atteint pour ceux qui sont venus aux soirées, émotion des co-fondateurs de voir l’impact des concerts et exposition sur le public, qui, dès le premier soir, quittait Terride en souhaitant une édition 2022.
Aux sourires des spectateurs, il faut ajouter ceux des interprètes, qui, tous, étaient manifestement heureux de ces moments de partage et recevaient avec bonheur l’enthousiasme et les applaudissements du public.
Ce festival qui a enchanté quelques belles soirées estivales sera reconduit l’été prochain dans ce lieu exceptionnel dont Vincent CHAILLET a récemment ouvert les portes pour les Journées européennes du Patrimoine.

Martine ROUCHE et Régine BARONI