Le printemps est arrivé, et avec lui le début de belles journées ensoleillées. Nous entretenons nos jardins, nous partons nous promener… Peu importe l’activité, pourvu qu’elle soit en plein air ! Mais certains insectes peuvent rendre ces sorties compliquées, à moins d’adopter les bons comportements et de faire preuve de vigilance… Voici trois petites bêtes qui pourraient venir gâcher notre été mais contre lesquelles chacun peut lutter en suivant quelques recommandations.

→ Les moustiques tigres
Originaire d’Asie, le moustique tigre, de son nom scientifique Aedes Albopictus, est reconnaissable à sa couleur noire rayée de blanc. Considéré comme l’espèce de moustiques la plus invasive au monde, il est arrivé en France en 2004 et a si bien su s’acclimater qu’il est, depuis 2017, durablement implanté en Ariège.
Bien qu’initialement non porteur de maladies, il suffit qu’il pique une personne qui soit atteinte du virus Zika, du Chikungunya ou de la Dengue suite à un séjour à l’étranger, pour le transmettre à une personne sur laquelle il ira ensuite se nourrir, son rayon d’action étant d’environ 100 m autour de son lieu de naissance. C’est pourquoi il est important de reconnaître les symptômes de ces arboviroses (maladies à virus) afin de s’isoler et éviter de contaminer son entourage.

→ Le virus Zika (du 1er mai au 27 novembre 2020 : 1 cas importé en France) :
Les symptômes du virus Zika sont de type grippal : fièvre, maux de tête, courbatures. À cela s’ajoutent des éruptions cutanées et, plus rarement, une conjonctivite, des douleurs derrière les yeux, ou un œdème au niveau des mains ou des pieds. Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique ni de vaccin.
Ces symptômes durent entre 3 et 12 jours, pendant lesquels sont prescrits des antalgiques comme le paracétamol pour diminuer la douleur. Il faut également bien s’hydrater et proscrire l’aspirine qui peut entraîner un risque hémorragique.
→ Le Chikungunya (6 cas importés) :
Signifiant en makondé (langue africaine) « maladie de l’homme courbé », le chikungunya est asymptomatique dans 10 à 40% des cas. Mais lorsqu’ils se déclarent, les symptômes sont une fièvre élevée d’apparition brutale, des douleurs articulaires (poignets, chevilles, phalanges), des douleurs musculaires, des maux de tête et une éruption cutanée. Comme pour le virus Zika, il n’existe pas à ce jour de vaccin pour s’en prémunir, les traitements administrés sont à base d’antalgiques et d’antipyrétiques (diminution de la fièvre).
→ La Dengue (834 cas importés dont 64% avaient séjourné en Martinique et 23% en Guadeloupe):
Causant fièvre, maux de tête et courbatures pendant 3 à 14 jours en moyenne, la Dengue aussi appelée « grippe tropicale » porte bien son nom. Une de ses particularités est qu’elle n’est transmissible que par piqûre.
C’est lors de la phase virémique (au moment où le virus est présent dans le sang) qu’il est impératif de limiter ses déplacements et se protéger des moustiques pour éviter qu’ils soient contaminés et infectent à leur tour les personnes à proximité. Cette phase dure de 1 à 2 jours avant le début des premiers symptômes jusqu’à 7 jours après leur apparition.
L’Agence Régionale de la Santé communique régulièrement à destination des populations sur les luttes antivectorielles. Nous pouvons œuvrer individuellement contre l’installation de ces moustiques en adoptant quelques réflexes et un comportement vigilant :
- Supprimer l’eau des coupelles, pots de fleurs, vases et vider tout ce qui peut contenir de l’eau ;
- Ajouter du sable dans les coupelles afin d’absorber l’eau ;
- Supprimer ou couvrir les réserves d’eau ;
- Vérifier le bon écoulement des gouttières ;
- Limiter l’arrosage des pelouses au strict nécessaire ;
- Jeter ses déchets dans une poubelle ou à la déchetterie.
Comme il n’existe pas de vaccin contre ces maladies, le meilleur remède est de se protéger des piqûres, les moustiques connaissant un pic d’agressivité à l’aube et au crépuscule :
- Porter des vêtements longs, amples et clairs ;
- Utiliser des moustiquaires imprégnées ;
- Utiliser des produits anti-moustique (à partir de 6 mois. Se référer aux recommandations d’utilisation du produit).
À plus grande échelle, les collectivités peuvent également intervenir en informant la population des bons gestes à adopter, mais également en mettant en place des moyens plus importants pour repérer, traiter et contrôler les sites publics susceptibles de faciliter le développement des insectes vecteurs.
La commune fait appel à un prestataire pour traiter 2 fois par an les zones humides non construites de la commune. Les produits utilisés agissent directement sur les gîtes larvaires tout en préservant l’environnement. De plus, des désinsectiseurs électriques sont installés dans les zones habitées de la commune où une prolifération de moustiques a été constatée. Leur utilisation reste modérée car ils ne font pas de distinction entre les moustiques et les autres insectes.
La lutte contre les moustiques adultes au moyen d’épandage d’insecticide est réservée à des périmètres restreints autour de lieux où ont séjourné des personnes malades ou lors d’épidémies et se fait à la seule demande des autorités sanitaires.
Tous ces dispositifs de lutte sont utilisés avec parcimonie. En effet, abuser des insecticides favoriserait l’apparition de résistance chez les moustiques et mettrait en péril les écosystèmes dans les zones où ils sont répandus (ruchers, parcelles d’agriculture biologique, milieux aquatiques…).

Il est possible de signaler la présence de moustiques tigres sur le site : https://signalement-moustique.anses.fr

→ Les tiques
Acariens ovales et plats de 1 à 8 mm, les tiques sont présentes sur tout le territoire français et vivent dans les zones boisées et humides, les jardins, les parcs forestiers ou urbains et les herbes hautes.

Elles se nourrissent de sang, le plus souvent sur les animaux sauvages et domestiques, et peuvent occasionnellement s’en prendre aux humains, les plus exposés étant de fait les professionnels qui travaillent en extérieur (bûcherons, gardes forestiers, jardiniers…) et les amateurs d’activités de plein air (randonneurs, campeurs, chasseurs…).

Pour s’en protéger, il est important de se préparer avant une excursion en pleine nature…
- Porter un chapeau et des vêtements longs qui couvrent bras et jambes (rentrer le bas du pantalon dans les chaussettes) ;
- Rester le plus possible sur les chemins et éviter les fougères, les hautes herbes, les tas de feuilles et les broussailles ;
- Pulvériser du répulsif sur la peau ou les vêtements (en respectant leur mode d’emploi).
… et de faire preuve de vigilance une fois rentré chez soi :
- Ôter ses vêtements et les laver en machine à 60°C ;
- Inspecter minutieusement son corps, et plus particulièrement les aisselles, les plis du coude, l’arrière des genoux, le cuir chevelu, l’arrière des oreilles et les régions génitales. Si vous le pouvez, sollicitez un proche pour examiner les zones moins accessibles (dos, cheveux) ou utiliser un miroir.

Outre leur action de parasitage, les tiques peuvent déclencher chez l’homme une allergie à leur salive ou lui transmettre des bactéries dont elles sont parfois porteuses. C’est pourquoi il est important de retirer rapidement une tique dès qu’elle est découverte.
Pour ce faire, utiliser un tire-tique : glisser le crochet sous la tique sans l’écraser et tourner doucement jusqu’à ce qu’elle se décroche. Si vous n’en avez pas, utilisez une pince fine : saisissez la tique à la base et tirez vers le haut sans tourner. Une fois retirée, la tique peut encore piquer. Vous pouvez la brûler ou l’écraser entre deux surfaces dures, la mettre dans un mouchoir ou dans un morceau de scotch et jeter le tout à la poubelle.
Après l’avoir enlevée, désinfectez la zone avec un antiseptique et notez dans votre carnet de santé la date et l’endroit du corps concerné.
→ La maladie de Lyme
Aussi appelée « Borréliose », est une infection due à une bactérie dont une tique peut être porteuse et qu’elle transmet à l’Homme au moment de la piqûre. Cette maladie n’est pas contagieuse et ne se transmet pas par contact avec un animal ni d’une personne à une autre. Toutes les tiques ne sont pas infectées par la bactérie responsable de la maladie de Lyme.
Dans les 3 à 30 jours qui suivent la piqûre, la maladie de Lyme peut apparaître sous forme d’une plaque rouge qui s’étend en cercle autour de la zone de piqûre, puis disparaît en quelques semaines à quelques mois.
Avec ou sans plaque rouge, il est impératif de consulter un médecin en cas de symptômes grippaux, de paralysie faciale ou de fatigue inhabituelle dans les semaines qui suivent la piqûre. Sans traitement, des atteintes graves des nerfs, des articulations, du cœur ou de la peau peuvent s’installer au bout de plusieurs mois ou année.
→ Les chenilles processionnaires
Il existe deux espèces de chenilles processionnaires présentes sur notre département : celle du pin (que l’on rencontre en hiver) et celle du chêne (printemps-été), en référence aux arbres sur lesquels elles se développent et se nourrissent. Causant des dégâts sur les végétaux, elles sont également urticantes pour les hommes et les animaux. Il est essentiel de comprendre le cycle de vie de chaque espèce pour s’en protéger et lutter contre leur implantation.

→ La chenille processionnaire du pin
Au cours de l’été, les papillons sortent de terre et s’accouplent. Le mâle meurt le lendemain tandis que la femelle s’envole et dépose sa ponte (de 80 à 300 œufs) entre deux aiguilles de pin au sommet d’un arbre, donnant ainsi naissance à une future colonie. Puis elle meurt à son tour dans les 2 à 4 jours qui suivent.
L’éclosion a lieu 30 à 45 jours après la ponte, au début de l’automne. Les chenilles commencent à se nourrir de l’arbre et passent par plusieurs phases de mue. C’est également le moment où se développent leurs poils urticants, qu’elles perdent à chacune de leurs mues. Un fil de soie relie les fins cocons qu’elles tissent au fil de leurs déplacements dans l’arbre. Puis, à l’approche de l’hiver, elles fabriquent un cocon plus épais qu’elles occupent jusqu’au printemps, ne le quittant qu’à la tombée de la nuit pour aller s’alimenter.
Dès l’arrivée des beaux jours, la colonie descend le long de l’arbre en longue file (jusqu’à plusieurs centaines d’individus). Appelé « procession de nymphose », ce processus a pour but la recherche d’un terrain assez ensoleillé pour que les chenilles puissent s’enfouir dans le sol et passer à l’état de chrysalides, étape qui va durer jusqu’à leur métamorphose en papillon au début de l’été.
→ La chenille processionnaire du chêne
Comme son homologue amatrice de résineux, la chenille processionnaire du chêne connaît une période de reproduction au cours de l’été, sous forme de papillon. En revanche, les œufs, rassemblés en plaques de quelques centimètres sur des branches en hauteur, n’éclosent qu’au début du printemps. Les chenilles connaissent ensuite 5 stades de développement larvaire, tissant des nids temporaires qu’elles abandonnent après chaque mue. À la fin du dernier stade, elles fabriquent un nid plus résistant dans lequel aura lieu la nymphose. Les papillons apparaissent 30 à 40 jours plus tard…
Les populations de chenilles processionnaires connaissent des fluctuations importantes qui sont dues principalement à la qualité et la quantité de nourriture disponible, à l’abondance de leurs ennemis naturels et au climat. Chaque femelle donnant naissance à une colonie, il est impossible de lutter de façon durable contre ces insectes, le moyen le plus efficace étant de renouveler les actions de lutte année après année.

→ Mais pourquoi lutter contre elles ?
Outre les dégâts causés à long terme sur les arbres qu’elles colonisent et dont elles se nourrissent, les chenilles processionnaires représentent un risque sanitaire important pour les hommes et les animaux domestiques et d’élevage. Si leurs longs poils blancs d’ornement sont inoffensifs, leurs minuscules poils sombres (développés à partir de la phase 3 de développement) contiennent eux une protéine toxique appelée « thaumétopoéine » qui est libérée lorsqu’ils cassent, créant ainsi chez l’homme de vives démangeaisons voire des réactions allergiques importantes :
- Plaques rouges, cloques, sensations de brûlure ;
- Vertiges ;
- Paupières rouges et enflées ;
- Difficultés respiratoires ;
- Chocs anaphylactiques.
En cas de réaction allergique au niveau des yeux, de la peau ou des voies respiratoires, consultez sans tarder un médecin.
Chez les animaux, ce sont les chiens, les moutons et les chevaux qui sont les plus vulnérables, rencontrant les chenilles au cours de leurs processions : atteintes oculaires et nécrose des muqueuses pouvant entraîner l’amputation d’un organe, l’euthanasie ou la mort par ingestion.
Les signes qui doivent vous alerter et vous amener à consulter un vétérinaire en urgence sont une fièvre soudaine, une hypersalivation ou des vomissements.
Les poils conservent leurs propriétés urticantes plusieurs mois voire 1 à 2 ans après le départ des chenilles, notamment dans les nids où ils sont à l’abri de l’humidité.
Il existe plusieurs méthodes pour lutter contre ces chenilles :
- La lutte mécanique par échenillage : prélèvement manuel (avec un équipement adapté !) des nids de chenilles à l’aide d’un échenilloir, puis incinération. Cette technique n’est possible que sur les nids accessibles (4 à 5 m de hauteur) et à réaliser idéalement avant les stades larvaires urticants ;
- La lutte biologique par prédation : favoriser la nidification des mésanges, coucous, chauves-souris… qui sont des prédateurs naturels de la chenille processionnaire ;
- Le piégeage des chenilles par écopiège : un piège est installé sur le tronc avant les premières processions pour recueillir les chenilles lorsqu’elles descendent le long de l’arbre ;
- Le piégeage des papillons : un dispositif enduit de phéromones de synthèse permet de piéger les papillons mâles, dans le but de limiter les accouplements et le nombre de pontes potentielles. Il doit être mis en place de début juin à début octobre, période de vol des papillons ;
- Le traitement biologique : Non toxique pour l’homme et les mammifères, du Bacille de Thuringe ou BTk (Bacillus Thuringiensiskurstaki 3a-3b), est vaporisé sur les pins à l’automne, empoisonnant les chenilles lorsqu’elles en ingèrent les aiguilles. Son efficacité est de l’ordre de 8 à 10 jours, dans des conditions météorologiques favorables et s’il est appliqué au bon stade de développement des chenilles.
Aussi petits soient-ils, ces insectes représentent un risque sanitaire non négligeable pour les hommes. Profiter de l’extérieur en toute sécurité nécessite une préparation en amont, une vigilance constante et du bon sens. En cas de doute ou de symptômes, consultez votre médecin.