
Qui n’a jamais observé un guêpier a du mal à croire qu’il existe des espèces aussi colorées dans son environnement, et pourtant !
De la taille d’un merle, mais avec une morphologie et un comportement bien différents, cet oiseau multicolore, quasi d’apparence exotique, d’affinité méditerranéenne, que l’on appelle aussi « chasseur d’Afrique », est un migrateur, qui revient chez nous à partir de mi-avril et repart à partir de mi-août à septembre pour l’Afrique.
Insectivores notoires, d’où son nom, il ne chasse pas que les guêpes, ce sont les insectes en général qui lui fournissent l’alimentation nécessaire.
C’est une espèce grégaire qui niche en colonie pouvant compter plusieurs dizaines de couples, mais il peut aussi nicher isolément, de un à quelques couples.
Sur ses lieux de nidification, le guêpier affectionne les milieux ouverts chauds et ensoleillés, souvent à proximité de points d’eau. Il niche dans des talus meubles au sein desquels il creuse des terriers à la façon d’un martin pêcheur.
→ Menaces et perspectives
Jusqu’à ces dernières années, sa population nicheuse était en expansion démographique et géographique mais avec de fortes variations annuelles sur l’ensemble de notre région. C’est donc un insectivore, ceux-ci sont en diminution inquiétante (entre 50 et 75 %), ce qui sera dans quelques années un réel problème pour ces oiseaux, mais aussi pour la nature en général et à la fin… pour nous…
Également, les nombreux dérangements, photographes qui ne prennent pas de précautions, destructions des habitats, dérangements intentionnels, pesticides, etc. mettent en péril l’avenir de l’espèce.
→ Zoom sur la colonie de Mirepoix
C’est au bord de l’Hers, que l’on peut éventuellement l’observer. Pourquoi éventuellement ? Cette colonie florissante il y a environ une dizaine d’années avec plus de 20 à 30 couples, s’est depuis largement dépeuplée.
En ce temps-là, les guêpiers avaient comme voisins, une colonie d’hirondelles de rivage, aujourd’hui disparue.

Les dérangements humains ont, en quelques années, eu raison de la colonie à la fois des hirondelles, mais aussi des guêpiers. En 2020, seulement quelques couples étaient présents, peut-être 3 ou 4, ne présageant rien de bon pour 2021. Reviendront-ils sur le site ?
La berge de nidification est très accessible, un chemin d’accès sur le haut, une fréquentation importante sur la berge d’en face… bref, tout ceci offrant une moindre tranquillité pour les oiseaux.
→ Faits consternants observés un jour de mai 2020
Un photographe dit « animalier » venant du pays basque pour la journée s’était installé sur le bord de la paroi de nidification juste au-dessus de la colonie. Assis sur une chaise de camping, près de sa voiture avec un zoom des plus importants, il était là en faction, bien à découvert. Bien sûr, aucune chance pour lui de prendre des photos, vu la distance et l’excessif dérangement des quelques oiseaux qui, bien sûr, volaient au-dessus de lui, sommes toutes paniqués.

Le même jour, une personne était au pied de la berge avec un bâton en train de farfouiller.
A savoir que le site est connu sur l’ensemble du territoire voire au-delà, ce qui explique la venue de nombreux photographes de tous horizons.
→ Que faire ?
J’ai contacté la mairie de Mirepoix, rencontré le maire et la chargée du patrimoine naturel : des réunions avec les propriétaires des parcelles concernées devraient avoir lieu. L’objectif « possible » sera, entre autre, d’apposer des panneaux d’information circonstanciés et d’interdire l’accès au chemin situé sur le haut de la berge (celui-ci est d’ailleurs sans issu), sauf bien sûr aux propriétaires.
→ Mise au point
Il n’est pas question ici de fustiger les photographes… Prendre des photos est enrichissant, agréable mais pas au détriment de la nature. Il faut le faire en la respectant, sachant que nous n’avons qu’un patrimoine naturel et qu’il est fragile ; une espèce qui disparait ne réapparaitra pas, même si la nature est forte et qu’elle nous survivra !
Photos et texte
de Sylvain FRÉMAUX, Ornithologue