Le vieillissement de la population est un défi de société. La direction et le personnel de la résidence s’emploient à respecter plusieurs priorités, parmi lesquelles la qualité de vie dans l’établissement.
Pour mieux connaître cette structure intégrée au cœur de ville depuis de nombreuses années, nous avons rencontré le nouveau directeur de la maison de retraite.

Geoffroy HAINAUT, directeur
Après de brillantes études à Sciences-Po Aix, son succès au concours EHESP (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique) qui dispense de la formation de directeur d’établissement sanitaire et social, et une forte attirance pour le médico-social, Geoffroy HAINAUT, 28 ans, originaire de Draguignan, a pris les rênes de la Maison de retraite de Mirepoix en janvier 2019.
Pourquoi Mirepoix ?
« J’avais vu d’autres établissements en Lozère, dans le Gers, etc… mais je ne connaissais pas l’Ariège. Ce territoire m’a attiré par la qualité de vie qu’il offre à ses habitants, par son dynamisme et son fort potentiel touristique. Je tiens à remercier le personnel, les résidents et les élus qui m’ont accueilli chaleureusement et accordé leur confiance.
J’ai également été séduit par le projet de reconstruction de l’EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Âgées Dépendantes) sur la colline de Bellemayre, à proximité de la gendarmerie.
Comment fonctionne l’établissement ?

Parmi nos 72 résidents qui présentent pour la plupart des troubles cognitifs et une perte d’autonomie parfois totale, très peu sont encore en capacité de se déplacer seuls.
Pour les guider au quotidien, 75 agents à temps plein ou partiel, c’est-à-dire les aides-soignantes, infirmières, cadre de santé, médecin, psychologue, animatrice, le personnel hôtelier, de cuisine, les services techniques et administratifs ainsi que des intervenants extérieurs.
En travaillant tous ensemble et en étroite collaboration avec l’ARS (Agence Régionale de Santé), le Conseil Départemental de l’Ariège ainsi que la mairie de Mirepoix, le but est de donner le meilleur accompagnement possible avec les moyens alloués.
L’établissement est complet toute l’année et certaines demandes font l’objet d’une liste d’attente.
Quelles activités sont proposées aux pensionnaires ?
La maison de retraite apporte des réponses adaptées aux besoins et programme des animations en concertation avec les résidents. Le PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés) leur propose des activités sociales et thérapeutiques et quelques associations locales apportent dans leur vie un peu de fantaisie et de fraîcheur avec des concerts et des chorales, tout comme les jeunes élus du Conseil Municipal d’Enfants qui viennent parfois goûter avec eux.


Quels sont les objectifs et les projets ?
Faire de l’EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Âgées Dépendantes) un lieu de vie à part entière, replacer les personnes âgées et handicapées au cœur d’une vie citoyenne et sociale, avoir une action qui s’inscrive dans le territoire pour répondre aux besoins de la population.
Il faut laisser libre cours aux initiatives personnelles et entendre les envies des résidents, de même que si les professionnels se sentent écoutés et à l’aise dans leurs conditions de travail, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Les moyens financiers doivent suivre ainsi que les capacités des personnes âgées, mais s’ils sont en sécurité et suivis, une bonne partie du chemin est faite.
La reconstruction de l’établissement avec des normes répondant aux besoins plus actuels du territoire est prévue.

Que pourra offrir cette nouvelle structure ?
D’abord une augmentation de la capacité d’accueil, nous passerons de 72 à 85 lits avec plus d’agents et de surveillance pour les pathologies nécessitant des espaces clos.
Le maintien et l’amélioration du PASA et l’ouverture d’une UHR (Unité d’Hébergement Renforcé) qui accueillera les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentée présentant des troubles sévères.
Nous préserverons les liens avec les associations et le cœur historique de la ville même si le bâtiment se trouve un peu excentrée et mènerons une réflexion sur comment transposer une partie du patrimoine historique dans le nouvel établissement.

En fonction des besoins et de la capacité d’accueil, des places d’hébergement temporaire sont aussi prévues en nombre limité ; elles permettront aux personnes d’expérimenter un séjour en EHPAD avant leur entrée dans la résidence.
L’environnement architectural, support du projet de soins et d’activités adaptés, doit répondre à 3 objectifs : créer pour les résidents un environnement confortable, rassurant et stimulant, procurer aux personnels un espace de travail ergonomique et agréable, offrir des lieux de vie sociale pour le groupe et permettant d’y accueillir les familles.

À propos de Louise de Roquelaure et de l’hôpital de Mirepoix …
L’hôpital, résumé historique
Le 28 janvier 1674, quelques mois avant sa mort (4 mars 1674), Louise de ROQUELAURE dicte son testament à son notaire1 : « Je donne et lègue pour achever le bastiment de l’hospital de la ville de Mirepoix, que j’ay fondé à l’intention de mon très honoré mary, suivant le pouvoir et liberté qu’il m’a donné par son testament de faire de tels légats pieux de son bien que je jugerais à propos, la somme de quatre mille livres, à une fois payer. De plus je donne au dit hospital un champ … »
Que Louise de ROQUELAURE ait contribué à financer et agrandir ou achever l’hôpital de Mirepoix en ce temps-là, c’est certain. Qu’elle l’ait fondé, non !
Même s’il est encore impossible de fixer la date de fondation de cet hôpital, les archives permettent d’établir une certaine antériorité. Il est évident que la petite ville de Mirepoix, située à partir de l’an mil entre le pied des collines et l’Hers, avait une Maison-Dieu (hospice) tenue par des religieux, probablement des franciscains du couvent proche des Cordeliers. Après l’inondation tragique de 1289, une ville nouvelle voit le jour sur la rive gauche de l’Hers, et un hôpital y est forcément créé, pour accueillir pauvres, malades, vieillards, enfants trouvés et soldats blessés.
Par ailleurs, en 1592, Dominique FLANDRY, marchand de Fanjeaux, lègue à l’hôpital de Mirepoix une rente annuelle de 75 livres. Le 2 avril 1622, Pierre de DONNAUD, évêque de Mirepoix, lègue deux matelas, deux traversins, quatre draps de toile commune et deux couvertures blanches.2 En 1662, un édit de Louis XIV ordonne aux évêques d’établir un hôpital général dans toutes les villes épiscopales et de réunir à ces hôpitaux leurs annexes. Louis Hercule de LÉVIS VENTADOUR, évêque de Mirepoix, rattache ainsi l’hôpital de Caudeval et la petite maladrerie de La Redonde à l’hôpital de Mirepoix.
Architecture et urbanisme

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les bâtiments sont alignés sur les maisons de la rue Porte d’Avail (voir plan ci-dessus). Devenus au fil du temps insuffisants et vétustes, ils nécessitent de constantes réparations. François Tristan de CAMBON, dernier évêque de Mirepoix, réunit le 11 avril 1779 les administrateurs, et décision est prise de démolir le vieil hôpital et d’en construire un neuf au fond du jardin, pour éloigner les malades des bruits de la rue et gagner en ensoleillement. Le chantier de construction commence avant la démolition, pour que Mirepoix conserve toujours un lieu d’accueil et de soins. En 1776, avait commencé la construction du pont de sept arches …
Le nouvel hôpital est un bâtiment rectangulaire de deux étages (carte postale ci-dessous).Au rez-de-chaussée, de larges couloirs se croisent, donnant accès à la cuisine et à des communs. Le grand escalier mène aux salles des étages et à la chapelle qui sépare l’aile des femmes de celle des hommes. Cet hôpital sera transformé au XXe siècle et deviendra maison pour personnes âgées, en augmentant sa capacité et en revenant vers la rue Monseigneur de Cambon.

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- AD09, Fonds Léran.
- Abbé F. Robert, 1909.
Entre légende et réalité, Louise de ROQUELAURE …
Si le nom de Louise de ROQUELAURE est connu de tous à Mirepoix, il est pourtant bien difficile de retracer sa biographie de façon linéaire et complète …
Il existe des portraits de ses parents Antoine de ROQUELAURE (1543-1625) et Suzanne de BASSABAT et PORDÉAC (1592-1661), d’un de ses frères, de son fils Gaston Jean Baptiste, d’une demi-sœur et d’une petite-fille éponymes, mais aucun portrait de Louise de ROQUELAURE.
On ne connaît ni le lieu ni la date de sa naissance : son père étant sans cesse en déplacement sur ordre du roi Henri IV et son épouse le suivant partout, les quatorze enfants du couple, dont Louise, sont nés au gré des missions paternelles. Elle pourrait être née à Bordeaux, fin 1611 selon la soustraction d’une mention de son décès à 63 ans le 6 mars 1674. Mention, mais pas acte … On sait qu’elle est morte chez une de ses sœurs à Toulouse et qu’elle y est enterrée au couvent des Cordeliers.
Le 23 juillet 1634, Louise de ROQUELAURE épouse à La Rieutort (Gers) Alexandre de LÉVIS DE LOMAGNE, seigneur de Mirepoix, Lagarde et autres lieux. Ils s’installent au château de Lagarde où naissent leurs deux fils, Jean (9 juin 1635 – 27 novembre 1650) et Gaston Jean Baptiste (15 juillet 1636 – mort le 6 août 1687 à Frescatis, propriété toulousaine de son ami Jean Mathias de RIQUET, né à Mirepoix le 20 janvier 1638, quand son père Pierre Pol RIQUET était officier du grenier du sel, avant d’entreprendre la grande aventure du Canal royal des deux mers … L’Histoire est pleine de ces rencontres…) Alexandre de LÉVIS est tué le 28 septembre 1637 à la bataille de Leucate contre l’Espagne. Jeune veuve, avec deux enfants en bas âge, Louise de ROQUELAURE se retrouve à la tête de la seigneurie.
Forte de l’exemple de ses parents et de sa mère en particulier, elle prend cette responsabilité à cœur, fait commencer des travaux au château de Lagarde où elle vit avec ses fils : l’enceinte avec les bastions carrés, la terrasse enherbée et la balustrade extérieure. Comme elle a ensuite laissé la seigneurie à son fils Gaston Jean Baptiste lorsqu’il est devenu majeur en 1650, la plupart des grandes transformations sont plutôt dues au nouveau seigneur qu’à Louise, partie pour Paris puis pour Toulouse.
Dans les événements de sa vie les plus connus localement, figure la Querelle des honorifiques. Comme son époux Alexandre de LÉVIS avant elle, elle se trouve en conflit avec l’évêque Louis de NOGARET de la VALETTE qui leur conteste successivement leurs droits seigneuriaux. Quand il se trouve confronté à une femme, l’évêque pense pouvoir profiter de la situation et s’emparer du pouvoir temporel local en plus de son pouvoir spirituel. Femme forte, Louise de ROQUELAURE ne cède jamais et de nombreux procès se tiennent, au cours desquels interviennent même le roi et la reine. L’évêque est constamment débouté.

Les archives départementales et nationales permettent de suivre en pointillé le parcours de Louise de ROQUELAURE de 1650 à 1674. Il semble qu’elle ait eu de fréquents soucis financiers, qu’elle avait des dettes, qu’une personne proche veillait sur elle … Elle passe les dernières années de sa vie à Toulouse chez sa jeune sœur Marie Angélique de ROQUELAURE (1623-1678) et l’époux de celle-ci, Jean-Jacques CASSAGNET de FIMARCON. Selon les documents qui traitent de la succession de Louise, que son fils Gaston Jean Baptiste refuse tant elle s’avère compliquée, cette femme, flamboyante dans sa jeunesse, avait peu à peu perdu ses moyens et son jugement, et des personnes peu scrupuleuses en avaient profité pour la dépouiller de la plupart de ses biens.
Que ce soit par le don qu’elle a fait à l’hôpital de Mirepoix dans son testament ou par sa fragilité dans ses dernières années, donner son nom à la Résidence de Mirepoix est un beau symbole …
Martine ROUCHE,
guide conférencier