Les Mirapiciens et les Mirapiciennes connaissent bien les établissements d’enseignement secondaire de la ville, mais leur histoire reste enfouie dans les mémoires et les souvenirs des élèves qu’ils ont été.

 

Partons donc à la découverte du patrimoine que constituent ces établissements qui ont marqué depuis le début du XIXème siècle la vie de la ville. Cette présentation ne prétend pas à l’exhaustivité, car l’Histoire du lycée et du collège et des enseignements reste à écrire et le peu que nous allons en dire dans ces lignes laisse penser qu’elle s’avèrera aussi importante que riche.

 

◊ Les archives départementales, trésors d’informations

 

Les archives départementales conservent une masse importante de documents qui permet de découvrir la vie des personnels et des élèves depuis le XIXème siècle.

 

Dès 1833, on mentionne l’existence d’un collège de garçons à travers le rapport du maire au recteur qui présente la situation du collège et les agissements du maître de pension.

 

En 1882, le député-maire de Mirepoix, Louis PONS-TANDE inaugure l’école primaire supérieure. Ces cours complémentaires, comme on les appelait, se déroulent sur deux années après le certificat d’études primaires. L’ancien lycée, caractéristique des bâtiments scolaires de la IIIe république, est inauguré en 1904 et dans les années 1910, un cours professionnel est créé.

 

Au retour de la première guerre mondiale, Mirepoix compte donc un panel de formations générale et technique qui depuis n’a jamais cessé d’évoluer. L’après seconde guerre mondiale confirme cette évolution et cette situation. Et c’est le conseil municipal, qui évoque, dès le 24 août 1947, la création d’une section d’enseignement agricole qui ne verra pas le jour.

 

Les années 1950 marquent un moment de prise de conscience sur les structures existantes qui ne suffisent plus à accueillir les élèves et dès 1955-1956 des crédits sont votés afin de moderniser et restaurer les bâtiments des cours généraux et des ateliers présents sur l’ancien site.

 

Mirepoix avant 1968

 

◊ Le projet prend forme

 

Les rapports et les courriers du proviseur font apparaître un fonctionnement intéressant. Les professeurs sont payés par l’État tandis que les agents sont payés par la mairie. Le collège de garçons est un établissement municipal et porte le nom de « collège classique moderne et technique national de garçons ». « Classique » signifie les humanités, « moderne » évoque les lettres modernes et « technique » les cours dits professionnels travaillant le bois et le métal.

 

Le tournant s’opère en 1957, quand le conseil municipal rédige un rapport descriptif  prévoyant l’installation à l’est de la cité, dans un paysage empreint de calme et de grandeur (sic) de l’établissement qu’on appelle encore Collège. Déjà, dès la Libération en 1944, le maire Louis HYGOUNET était monté à Paris pour négocier l’installation d’un lycée sur la commune.

 

Mais les personnalités clés de cette création sont le député-maire Gilbert FAURE et le proviseur Marcel MATHON. Ils vont jouer un rôle central dans l’installation et dans les dossiers menés auprès de l’inspection d’académie, du ministère et de la préfecture fin des années 1950/début des années 1960.

 

En 1954, Mirepoix compte 3078 habitants et 3322 en 1962, ce qui signifie que la population est en pleine croissance avec le baby-boom.

 

Terrain du lycée durant la 1ère guerre mondiale

 

C’est à Saint-Jean-d’en-Bas que la future cité scolaire sera implantée sur un terrain où étaient installés lors de la première guerre mondiale des baraquements militaires.

 

L’architecte retenu André POULAIN adresse un mémoire aux administrations daté du 30 mai 1963, dans lequel des sondages au sol sont prévus sur les 6 ha, rassemblés à partir des propriétés de 7 anciens propriétaires. La structure prévoit d’accueillir 820 élèves dont 20 filles, 635 internes, pour un budget de 11 364 660 francs et 50 centimes (part de l’État : 97,24%) et de 322 567 francs et 50 centimes (à la charge de la commune : 2,76%). Le plan de masse est agréé le 20 novembre 1962, la ville étant maître d’ouvrage.

 

Le lycée et l’ensemble des installations seront propriété de la commune jusqu’en 1971, date à laquelle la cité scolaire devient lycée d’État, au moment où la loi de 1971, suite aux événements de 1968, opère une libéralisation et une démocratisation de l’enseignement en France.

 

Les bâtiments dont les plans datent de 1963 connaîtront une légère modification en 1975-1976 avec l’adjonction d’un atelier au nord-est (actuels ateliers des agents techniques).

 

◊ Ouverture chaotique en septembre 1968 dans le contexte des évènements de Mai

 

L’ouverture de l’internat ne peut s’effectuer car la livraison des chaudières est encore incomplète fin septembre. Les cours du lycée technique sont les premiers à occuper les locaux, mais les lycéens du « lycée classique » restent encore une année avec les collégiens et les internes dans les locaux de l’ancien lycée.

 

Une des premières photos prises aux ateliers 1968-1969

 

Au cours de l’année scolaire 1968-1969 les élèves cheminent entre les deux structures pour aller manger au réfectoire. La chaufferie ne pouvant ni chauffer l’internat, ni assurer le bon fonctionnement de la restauration, le proviseur MATHON s’en plaint dans une missive du 12 juillet 1968, adressée à l’inspection d’académie, qu’il termine par ces mots sans équivoque : « Or, la chaufferie doit fonctionner pour que fonctionnent la cuisine et la plonge ! Nous risquons donc, le 23 septembre de ne pas pouvoir héberger nos internes-garçons dans les locaux neufs alors que les vieux locaux seront occupés par les élèves-filles ! Si cette éventualité se présente effectivement, je ne sais pas encore à quels expédients nous aurons recours, mais je tiens à vous informer, dès maintenant, d’un désordre qui peut se produire à la rentrée… »

 

Les années 1970 voient se succéder les mouvements de grèves des élèves comme des enseignants, et celui de janvier-février 1979, a été particulièrement virulent. Tout débute à la télévision, en effet, TF1 diffuse une information qui s’avère être tonitruante : à Mirepoix, les internes garçons et filles ont demandé à faire dortoir commun. Imaginez le scandale !

 

Procession vers la cantine avant les vacances de Noël 1968

 

Résultat, la presse déboule au lycée en quête d’informations : Le Monde, Libération, etc. viennent interviewer la population de Mirepoix, les professeurs tentent de rétablir la vérité, mais il s’agissait de ce que l’on appelle aujourd’hui une « fake news », une fausse nouvelle, dirait-on.

 

L’établissement est fermé par le proviseur et un télégramme envoyé aux familles. Aujourd’hui, on communique par sms ou par l’Espace Numérique de Travail. Fermeture administrative pour deux jours. Les élèves sont renvoyés chez eux, et sont donc désinscrits ! La semaine suivante tout le monde est réintégré mais les esprits se sont échauffés.

 

Quant aux formations, citons les BTS qui ont succédé aux sections spécialisés vers 1979. Le lycée a été le premier des académies du sud du pays à accueillir un équipement particulier : un centre d’usinage. La création de postes de professeurs dès la rentrée 1979 en mécanique marque cette ouverture.

 

Cité scolaire 1968

 

◊ Les années 2000

 

En 2000, la SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) ouvre à proximité du collège. L’année suivante, d’importants travaux transforment le dortoir des filles et des BTS en collège. La dernière grande restructuration s’opère entre 2007 et 2010 avec la création du CDI commun au collège et au lycée, la construction du bâtiment B accueillant une partie des ateliers des BTS (bâtiment bleu), de la vie scolaire du lycée.

 

En 2016, c’est au tour des sections de lycée professionnel, qui aujourd’hui ouvrent en terminale microtechnique et en première technicien d’usinage. En 2017, c’est l’option histoire des arts qui ouvre en première et cette année en terminale.

 

La cité scolaire c’est aussi des projets innovants comme Erasmus + en 2014-2017, autour de l’eau en collaboration avec 6 autres établissements européens (Espagne, Grèce, Pays-Bas, Hongrie, Lituanie, Italie), mais aussi DISPO, un partenariat avec l’Institut d’Études Politiques de Toulouse existant depuis 2006. Il a permis à 6 élèves d’intégrer cette grande école et à un autre d’entrer à Sciences Po Paris.

 

Entre 2016, date de l’installation des nouvelles clôtures, et 2018 où l’entrée est repensée au niveau de la conciergerie, le site trouve enfin sa configuration actuelle, accueillant au printemps dernier les nouveaux panneaux installés par la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée.

 

Au terme de ces 50 années, l’histoire du lycée général et technique, du collège et de la SEGPA ou du lycée professionnel reste à écrire et à compiler grâce aux témoignages des anciens personnels ou élèves, mais aussi grâce à la très riche documentation conservée aux archives départementales.

 

Qu’à lecture de ces lignes soient remerciés : Mesdames ALBAN, POULAIN, SARLIN et Messieurs ESTÈBE, CAZANAVE, HYGOUNET, BUISAN pour leur temps, leur aide et leur disponibilité.

 

Merci également à S. BOURDONCLE et M.A. DARNAUD,

Pour la recherche documentaire