routeLes premières voies de communication terrestres furent, à n’en pas douter, de simples sentiers, péniblement frayés à travers les immenses forêts qui couvraient le sol. Pendant longtemps, et pour certaines régions jusqu’au XIXe siècle, les transports des biens et des personnes furent surtout fluviaux ou maritimes.

 

C’est aux Romains, bâtisseurs infatigables, que nous devons le mot « route » : la construction d’une voie (via) supposait la « rupture » des obstacles qui se présentaient, d’où le nom via rupta ou, par abréviation, rupta.

 

La réussite économique de l’Empire romain dépendait des transports de marchandises qui convergeaient vers Rome. Tout le monde connaît les voies romaines, telle la Via Domitia, belles réussites de travaux colossaux où circulaient charrois et armées de légionnaires. Au Moyen-Âge, du moins au début, l’abandon de l’entretien de ces voies a été tragique surtout au IX et Xe siècle avec un sursaut sous Charlemagne qui, en créant la fonction de Missi Dominici (fonctionnaires qui allaient toujours par deux : un chevalier et un religieux) dans les provinces, a relancé la nécessité de sauvegarder un réseau de routes et de chemin pour l’armée et le commerce (peu important toutefois).

Borne impériale qui indique la direction de Carcassonne
Borne impériale qui indique la direction de Carcassonne

 

Sous la féodalité, ce sont les seigneurs locaux qui, au travers des Corvées et des Péages ont permis un entretien très limité du réseau des chemins et des routes. Les congrégations religieuses ont aussi permis la construction de ponts sur le territoire. Les chemins de pèlerinage comme ceux de St Jacques de Compostelle ont joué un rôle majeur dans nos contrées, mais les guerres, les crises, les famines, les épidémies en ont ralenti l’amélioration. Ainsi encore en 1804, les chemins qui menaient d’une localité à l’autre étaient en mauvais état ; ils étaient parfois impraticables (trous et ornières) et les lourdes voitures tirées par des chevaux n’arrangeaient rien.

 

Les routes royales, devenues impériales sous Napoléon 1er, puis nationales ont été construites vers la moitié du XVIIIe, début XIXe après la création des « Pont et Chaussées ».

 

Les cantonniers

 

Ils font leur apparition en France au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Ils sont chargés des travaux d’entretien oucantonnier d’amélioration des routes et de leurs dépendances.

 

La corvée des routes (ordonnance de 1738) étant jugée inadaptée, c’est sous l’impulsion de Napoléon qu’en 1816, les cantonniers deviennent des agents de l’administration travaillant sur un canton (section de route de sept à huit kilomètres) pour le compte d’un entrepreneur adjudicataire d’un bail d’entretien définissant les travaux de maintenance ou d’amélioration d’une voie.

 

De la mi-mars à la mi-septembre, le cantonnier devait travailler 78 heures par semaine, y compris le temps du repas qu’il devait prendre sur place. En hiver, l’horaire était allégé : il commençait son travail une ½ h avant le lever du soleil et le terminait une ½ h après le coucher. Les jours où il ne travaillait pas (dimanches et fêtes), il était astreint à surveiller son canton et si une urgence survenait (excavation, déneigement, talus éboulé ou autre), il devait intervenir. Il pouvait ainsi travailler jusqu’à 91 h, et les bas salaires proposés aux agents ne les incitaient guère à faire carrière dans la fonction publique.

cabane

En 1791, on reconnaissait le cantonnier à la plaque de cuivre, gravée d’une fleur de lys, qu’il portait sur son bonnet ou son chapeau. Quand la fleur de lys fut supprimée en 1793, on substitua au chapeau le bonnet de la Liberté. Dans le règlement de 1811, le chapeau du cantonnier fut normé.

 

En 1947, l’appellation de cantonnier disparait au profit d’agent d’entretien de la voirie.